Colloque Jazz amateur – Amateur de jazz
Sixième colloque de jazz à Monségur : Le festival Les 24 heures du Swing de Monségur organise son sixième colloque jazz sur le thème « Jazz amateur – Amateur de jazz », en partenariat avec l’Université Montaigne et le collège Eléonore de Provence de Monségur.
La tenue du colloque est prévue le 17 juin 2016 en Gironde (33).
Jazz amateur – Amateur de jazz
Sixième colloque jazz de Monségur, Gironde, France
Les questions du jazz amateur et de l’amateur de jazz peuvent être étudiées selon plusieurs axes problématiques, sans s’interdire de procéder à des comparaisons de ce qui se pratique dans divers endroits du monde.
Si les budgets le permettent, un livre collectif sur la question, qui rendra compte des actes du colloque, sera à paraître aux Presses universitaires de Bordeaux.
1) Le musicien amateur
On se demandera ce qu’est un musicien amateur dans l’espace social, en France et ailleurs. Cela revient à interroger ce qui le différencie du professionnel au plan statutaire. Ces questions juridiques sont liées aux contraintes économiques, à l’histoire, au droit du spectacle, à celui de la propriété intellectuelle, aux coutumes, ainsi qu’à d’autres facteurs.
Quelle est la part de la musique amateur et professionnelle dans un pays comme la France ? Comment la quantifier ? Peut-on comparer les diverses politiques publiques menées, en France et hors des frontières, visant à promouvoir une pratique amateur du jazz, ou à en professionnaliser l’exercice ?
Du côté de la réception, peut-on distinguer une écoute amateur de la musique jazz, celle par exemple des mélomanes plus ou moins connaisseurs, d’une autre, plus systématique, qui serait celle des professionnels comme peuvent l’être par exemple les critiques spécialisés ? Où en est-on de l’éducation des publics, jeunes et moins jeunes, et quelle part joue-t-elle sur l’existence d’un vivier d’amateurs de jazz ? La pratique amateur est-elle nécessairement liée à l’éducation artistique ? Existerait-il seulement encore, ce jazz, sans les amateurs ?
Nombre de formations importantes de jazz de rue subsistent selon le principe de l’harmonie. Nombre de groupes musicaux ne seraient pas viables, financièrement parlant, si le statut des musiciens était professionnel. Faut-il dès lors distinguer la musique professionnelle et « chère » de la musique amateur « pas chère » ?
Une partie du colloque sera donc consacrée à la dimension juridique, économique et sociétale du jazz amateur et de l’amateur de jazz. Une autre partie interrogera plus particulièrement le contenu musical.
2) La musique
Le jazz amateur présente-t-il des critères musicaux reconnaissables ? Outre la dichotomie, qui reste à prouver, entre une musique jazz dite facile ou populaire, parfois pratiquée par des amateurs, et une autre, dite difficile ou savante, la question des critères de détermination d’une musique amateur reste entière : modalités de jeu – formes harmoniques ou rythmiques – jeu scénique des musiciens – accès à certains canaux de diffusion spécifiques…
La professionnalisation des modes de production du jazz conduit-elle, ou non, à une forme de standardisation de la musique ? Le jazz s’est-il standardisé en un produit marchand alors que du côté amateur, il resterait plus proche de l’esprit de ses racines, à savoir celui d’une musique de communion et d’émancipation du peuple afro-américain ? Peut-on dire que le jazz amateur serait moins brillant techniquement mais qu’il conserverait malgré tout ou par là même, tout son sens ? En aucun cas il ne s’agit bien sûr de porter un jugement de valeur sur telle musique en employant l’expression « jazz amateur » mais bien de se demander s’il est valide de proposer des critères – lesquels ? – pour calibrer l’art, sa part créative, en lien avec le circuit amateur ou professionnel.
Les plus critiques évoqueront peut-être la transformation du jazz en un produit culturel formaté, ciblé pour un public ayant des attentes établies par avance et sans surprise. Dans quelle mesure l’amateurisme et le professionnalisme influent-ils sur la poétique du jazz ? Dans la série « Treme », David Simon et Eric Overmeyer proposent ainsi un questionnement parfois existentiel sur l’évolution du jazz qui rejoint le mot d’Edouard Glissant « le jazz est un inattendu créolisé1 ».
Au demeurant, quelle image avons-nous des musiciens amateurs du jazz, plus ou moins orientée par la presse, le cinéma ou la littérature ? Quelles sont les représentations collectives, et correspondent-elles à la réalité ? On pourra interroger toute trace qui va d’une vision en partie mythologique du musicien purement amateur et généralement autodidacte des années 1930, ce pur artiste incarné par un Django Reinhardt et celle, mythologique également, du pur professionnel, le sideman moderne, guerrier-samouraï 1 Le Monde 2, Propos recueillis par Frédéric Joignot. armé d’un ou plusieurs instruments, connaissant tout son real book, improvisateur, lecteur, en place, à l’aise dans toutes les tonalités et cela, bien entendu, à tous les tempi.
Ce colloque propose ainsi de mener une réflexion sur la validité du critère amateur, au plan musicologique, mais également d’interroger les figures du jazz amateur telles qu’une civilisation les génère dans un moment donné, que ce soit sous un angle historique, culturel, géographique, et quels qu’en soient les supports de transmission.
3) L’amateur de jazz – le festival
Qui sont les amateurs de jazz ? On pourra se demander comment, historiquement, des réseaux d’amateurs se sont constitués – comment ne ici pas penser au Hot-Club de France ? Peut-on contribuer à dresser une histoire des festivals, un récit de ce qu’aura été, et est encore, leur rôle pour la diffusion de cette musique ? Qu’ils pratiquent ou non la musique, les amateurs représentent un marché important qu’il est également envisageable d’aborder.
Cependant les histoires d’amateurs, pour ne pas dire les histoires d’amour, difficilement mesurables, ont aussi pleinement leur place dans le colloque. Comment ne pas penser à Maurice Cullaz, et à tant d’autres amoureux(ses) de musique ? Comment ne pas penser aux photographies, aux films, aux enregistrements, aux écrits que les cartons d’amateurs avertis recèlent tels des trésors enfouis. Toute cette aventure humaine, affective, poétique, que la passion du jazz a pu générer, entre amateurs de jazz et avec les musiciens, doit pleinement trouver sa place dans le colloque.
Qui dit jazz, dit festival, et qui dit festival dit amateur-bénévole. Peut-on connaître le temps consacré par les amateurs à leur passion lorsque celle-ci prend la forme du volontariat autour d’un festival ? Combien de concerts donnés grâce à ces amateurs, en France, en Europe, et ailleurs ? Quel accueil les professionnels leur réservent-ils ? Quel est leur avenir ? Que penser du basculement vers le professionnalisme de certains festivals, alors que d’autres n’y ont point accès ou s’y refusent ? Quid des nouveaux moyens de financement et de diffusion sans producteurs ni éditeurs (youtube, daylymotion, myspace…) ?
Certains professionnels de l’éducation se sont attachés à impulser un enseignement du jazz en milieu scolaire. Le jazz, est-il la musique des amateurs par excellence ? Est-il le moyen d’accéder à toutes les autres formes de musique ? Le colloque ne s’interdit pas de proposer un regard sur les classes jazz et les initiatives dans l’éducation nationale (voir les actes du colloque de Monségur de 2002 :
L’enseignement du jazz en Aquitaine, bilan et questions). Ont-elles généré une nouvelle forme d’amateurisme ou de professionnalisme ? Quelle est l’ampleur du phénomène, en France et en Europe ? Quels en sont les prolongements, au lycée et à l’université ? Un appel à bilan est ici lancé, que ce soit au niveau des pratiques, des enjeux, des politiques…
Les propositions de communication sont à envoyer à MM. Thierry Maligne, Patrick Pac et Jonathan Lewis (thierry.maligne@u-bordeaux.fr / pac.patrick@neuf.fr / jonathan.lewis@u-bordeaux.fr), sous forme d’un résumé, en français ou en anglais au format pdf, avant le 30 janvier 2016.
> Historique des colloques jazz de Monségur
- Juin 2002 : Colloque 1 : L’enseignement du jazz en Aquitaine, bilan et questions. Actes publiés.
- Juin 2004 : Colloque 2 : Jazz et improvisation. Actes publiés.
- Juin 2006 : Colloque 3 : Jazz et danse. Actes non publiés.
- Juin 2009 : Colloque 4 : Filmer le jazz. Actes publiés, Presses universitaires de Bordeaux.
- Juin 2011 : Colloque 5 : Jazz et bande dessinée. Actes non publiés.
- 2013 : pas de colloque ( en raison de difficultés financières du festival).